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TRAUCANÈU
- Musiques Traditionnelles du Massif Central - AEPEM/Tradethik Productions - Juillet 2024
Tiennet Simonnin: Accordéon chromatique, Cabrettes
Anne Lise Foy: Vielle à roue, chant
Camille Raibaud: Violons, mandoline, bouzouki
Merci Jean-Luc Matte pour cette belle chronique de notre album !
"Je suis pris par un dilemme : dois-je commencer par souligner le superbe son de ce trio, ou bien dois-je débuter sur le remarquable effort de recherche de répertoire original, ce qui n'est pas chose courante en Auvergne où il n'y a aucune honte pour les musiciens à proposer leur propre interprétation des grands standards ?
Débutons donc par le second point puisque c'est celui sur lequel le trio a souhaité mettre l'accent dans l'introduction du livret et qu'il semble à l'origine du nom du groupe (Traucanèu = perce-neige). Un livret qui, naturellement puisque l'album est réalisé par AEPEM, nous détaille toutes les sources. Comme pour le récent CD de Duo des Cimes ci-dessous, il est d'ailleurs intéressant de constater la diversité des sources utilisées : recueils écrits anciens ou plus récents (voire revue folklorique), collectages publiés ou non, 78 tours, vinyls, CDs et même un reportage de l'ORTF et une archive INA... Voilà qui montre que ces musiciens sont à la fois souvent en recherche active mais surtout les oreilles à l'affût. Et le livret nous précise également qu'ils n'hésitent pas à réaliser quelques adaptations (chanson devenue regret ou valse, montage de couplets pour aboutir à un texte plus conséquent etc...). Bon il y a tout de même deux ou trois classiques mais, vu le résultat, on ne s'en plaindra pas....
Ceci étant précisé je peux maintenant vous parler de ce son qui vous prendra aux tripes dès la première plage dans sa formation cabrette, vielle, violon et poursuivra ensuite sur la seconde plage dans une formation toute différente avec voix, accordéon avant d'être rejoint en fin de morceau par le violon et la cabrette (merci le multipiste) . Je ne vais pas vous détailler ainsi les onze plages mais cela le mériterait...
On connaît bien Tiennet Simonnin au chromatique, on le voit peu souvent avec une cabrette sous les doigts et je ne suis pas certain qu'il ait déjà enregistré sur cet instrument. Et pourtant il assure, ce qui n'a rien d'étonnant puisque, d'une part, il fait partie de ses musiciens que l'on sait capables de toucher à tout avec la même exigence et la même facilité et que, d'autre part, les analyses très précises qu'il a eu l'occasion de rédiger sur le jeu de tel ou tel cabrettaïre nous ont déjà démontré qu'il connaît parfaitement toutes les arcanes du jeu de cabrette et il le montre concrètement ici, principalement sur des airs à danser où il utilise les ornements et picotages pour renforcer la cadence mais également sur un regret qui nous permet d'identifier la signature de ses vibrés (pas trop marqués, réguliers, assez rapides, souvent précédés d'un trille).
Anne-Lise est principalement présente à la vielle, instrument sur lequel elle n'a plus rien à démontrer, et au chant sur deux plages. Là non plus elle n'a plus rien à nous prouver depuis Toc Toc Toc mais j'ai l'impression que sa technique vocale progresse toujours et la version qu'elle nous offre de "Tant qu'il y aura des étoiles" et celle d'une grande chanteuse, qui met en avant le texte et il fallait cela pour ne pas tomber dans le kitsch avec cette chanson.
Me reste à évoquer le violon de Camille Raibaud qui, comme Arnaud Bibonne avec qui il joue d'ailleurs en duo, est originaire du Sud-Ouest dont il pratique toujours la musique mais qui sait également se faire adopter par les musiciens Auvergnats. Il sait parfaitement adapter le son de son violon à celui de la vielle, et également apporter la dynamique des attaques d'archets aux deux instruments à son continu et sans faire double-emploi avec le chien. Il fait cela tellement bien que l'on finit par confondre les deux instruments en un seul au son plus rond et étoffé qu'une vielle seule ou qu'un violon et il faut profiter des passages sans vielle pour bien identifier (isoler) le son et le jeu du violon.
Et avec tout cela le trio nous produit une musique dotée d'une remarquable énergie qui doit soulever les danseurs. Pas d'arrangements compliqués ici qui nuiraient à la cadence mais un jeu souvent à l'unisson ou en harmonies parallèles. Et de ce fait on en apprécie que davantage les petits passages qui sortent de ce schéma.
Un bonheur donc à l'écoute de ce disque mais qui donne furieusement envie de les entendre en bal (en acoustique ou bien sonorisés cela va de soi...)..."
CALUNA
Chansons d'Exil - Autoprod/Tradethik Productions- Juillet 2024
Dans un tout autre registre, en 2021, je rencontrais Julie Mathevet en plein festival Libre Cour (Festival de chant Lyrique hors les murs à Barsac, 33): un nouveau projet musical voyait le jour avec mon ami de toujours Julien Estèves (cette fois exclusivement au Bouzouki) et Guillaume Vallot à la Contrebasse.
Un projet très différent car je suis dans celui ci exclusivement à la mandoline, pour accompagner un répertoire de chansons plus ou moins traditionnelles du sud de l'Italie et de Sicile, pour rendre hommage notamment aux origines siciliennes de Julie Mathevet.
Un album voit le jour en juillet 2024, fruit de cette rencontre et de nos influences respectives.
On y retrouvera évidemment une technique vocale impressionnante due au parcours de chanteuse lyrique de Julie, toujours très expressive, et en même temps très en lien avec cette chansons traditionnelle italienne.
Et, l'ensemble Bouzouki irlandais, Mandoline, et contrebasse, amène des couleurs folk irlandaises, parfois même empruntées au Fado portugais, ou au blues.